dimanche 28 décembre 2008

Copies de rentrée.

Nous sommes arrivés à la moitié des vacances, et j'ai terminé deux paquets de copies, les S et les ES. Ma notation a été cette fois plus sévère, 4ème devoir oblige. C'est pourquoi il n'y a pas de très bonnes notes (15 et au-delà). Je me suis efforcé, comme à chaque fois, d'utiliser la plus large gamme de notes. Chez les S, pour 19 copies (il y avait 3 absents), 8 ont la moyenne et plus. La plus basse est 5, la plus élevée 14. Chez les ES, 17 ont la moyenne, 17 ne l'ont pas (pas fait exprès!). La plus basse: 4. La plus haute: 14. Dans les deux classes, il y a une répartition relativement homogène au long de l'échelle des notes.

Une vérité est-elle discutable? Avec ce premier sujet, j'ai d'abord eu droit, dans certaines rares copies, à une coupable négligence, "une" vérité se transformant en "la" vérité, ce qui change bien sûr le sens de la question. Sinon, l'erreur de fond la plus courante a été de déformer le sujet en "peut-on dire la vérité?" Non, cette interprétation n'est pas recevable, c'est un fautif contresens.

L'autre erreur a été de confondre avec un problème travaillé en cours: n'y a-t-il aucune vérité dans le mensonge? Sous-entendu: si la vérité est discutable, c'est qu'elle contient une part de mensonge. Non, là encore, la question est abusivement sollicitée, cette fois par facilité, en se rabattant indûment sur le cours, alors qu'il fallait, comme toujours, réfléchir librement, personnellement.

Une vérité est-elle discutable? L'interrogation n'est pas morale mais épistémologique (c'est-à-dire qu'elle concerne le statut de la connaissance). Normalement, une vérité attestée est sensée être indiscutable, sinon serait-ce une vérité? Tel était le problème, à partir duquel il convenait de définir la discussion, indispensable pour réussir la dissertation (discuter, échanger, critiquer, contester, etc).

Le deuxième sujet a été très majoritairement choisi dans les deux classes. Pourtant, il n'a pas toujours été très réussi. La question: le travail contribue-t-il à unir ou à diviser les hommes? Je comprends pourquoi la préférence des élèves s'est portée là-dessus. Le travail renvoie à une expérience concrète, la vérité est une réalité plus abstraite. Mais la facilité est apparente et même trompeuse.

En ES, les copies ont succombé à une terrible tentation: faire de la sociologie ou de l'économie plutôt que de la philosophie. Du coup, j'ai eu droit à des descriptions du travail contemporain, ses inégalités, ses discriminations, avec des exemples très particuliers, parfois anecdotiques. Évidemment, tout ça n'est pas bon. La philo est une réflexion générale sur le concept de travail, pas une étude sociale sur les conditions de travail actuelles.

Bref, une fois de plus, à la rentrée, il faudra me répéter, remettre les pendules à l'heure (ça tombe bien, ce sera la nouvelle année!). Trêve de plaisanterie, n'est-ce pas cela enseigner? Toujours expliquer ce qui ne va pas, toujours corriger les erreurs, toujours montrer qu'on peut faire mieux.

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