samedi 29 novembre 2008

Le troisième devoir.

Journée-copies, comme je vous l'avais annoncée hier. La correction du troisième devoir, c'est aussi l'occasion de pas mal d'irritation. Au premier, l'indulgence s'impose; au deuxième, les erreurs majeures sont encore pardonnables; au troisième, elles deviennent des fautes difficilement acceptables.

Combien de fois ai-je dit à mes élèves qu'une dissertation de philosophie consistait d'abord et avant tout à répondre précisément à une question précise? Beaucoup trop ne le font toujours pas, ou ne parviennent pas à le faire. Les sujets étaient les suivants: Doit-on aimer la liberté? Faut-il se méfier de nos désirs? Il ne s'agit pas de dire tout ce qu'on pense sur la liberté et sur les désirs, mais de répondre à ces questions. C'est le b-a ba de la philosophie.

Et pour satisfaire à cet objectif, il faut PROBLEMATISER la question, repérer en quelque sorte son centre de gravité. Doit-on aimer la liberté? Il convient de s'interroger sur ce que la liberté a d'aimable... ou de détestable. Les caractéristiques de l'amour, que l'élève se doit de repérer, sont-elles applicables à la liberté? Voilà quelle est la vraie question à traiter, et non pas un blabla ou méli-mélo sur la liberté.

Même remarque, même exigence, même précision sur le deuxième sujet: pas d'inutiles considérations sur les bienfaits ou les dangers du désir, mais une réflexion qui parte de la méfiance et se demande si ce sentiment est applicable aux désirs. Est-ce si difficile? Et pourtant, beaucoup d'élèves ne le font pas, alors que j'ai lourdement insisté là-dessus.

C'est pénible, parce que certaines dissertations sont fort bien construites, correctement rédigées, très organisées, avec des idées développées, de véritables argumentations, bref quelque chose d'intéressant mais... qui ne répond pas explicitement à la question posée. Au mieux, je peux mettre 10 sur 20, mais pas au-delà, parce que l'objectif n'est pas rempli.

C'est rageant, autant pour l'élève que pour moi, car ses idées sont bonnes, et il aurait suffit qu'il les mette au service de la question posée pour que le résultat soit bien meilleur et que la note augmente nettement. A l'inverse, certains sont plus maladroits, maîtrisent moins l'écriture, développent insuffisamment leurs idées, se montrent confus, désordonnés... mais font l'effort de répondre à la question qu'on leur pose. Et ça change tout!

Il y a une coupable facilité d'échapper à ce qu'on vous demande, involontairement ou par ruse, même et surtout si on a les capacités de réflexion et de rédaction. Je ne peux pas le pardonner, je me dois de le sanctionner. Surtout lorsqu'il s'agit du troisième devoir, fait tranquillement à la maison.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Peut être ai -je une question qui me pose probléme :est ce que le fait de reprendre un devoir de philosophie en plusieurs fois n'est pas dangereux car il arrive qu'il y ai un résultat négatif dans la supression d'idées qui à la relecture paraissent pas clairs, brouillons et revenant trop sur une autre idée

Emmanuel Mousset a dit…

Non, il n'est pas dangereux de faire un devoir de philosophie en plusieurs fois. Au contraire, puisque c'est un travail à la maison, autant prendre son temps et s'organiser. Faire le devoir en une seule fois, c'est beaucoup plus difficile, l'effort doit être très soutenu (comme au bac).

N'y a -t-il pas cependant un risque de répétition ou de confusion, quand la rédaction du devoir s'étale sur plusieurs jours? Non, si le plan est, au brouillon, bien établi, on peut écrire un partie et un autre jour une autre partie, sans difficulté.

Anonyme a dit…

Mon principal problème se situ dans le fait que dés que j'ai mon sujet j'arrive à avoir quelques idées rapidements (8,9) mais quand plus tard je me met à relire mon plan je suprime plein de choses et le résultat me trouble car j'ai l'impression d'avoir enlevé une partie de l'âme du devoir et plus rien ne semble aller.

Emmanuel Mousset a dit…

Quand un plan est fait au brouillon, il faut s'y tenir. C'est la "feuille de route" de l'élève. C'est pendant la rédaction au propre, quand les idées sont développées et couchées sur le papier, qu'on peut supprimer certaines parties, quand on constate qu'il y a répététion. Mais on peut aussi, et c'est encore mieux, faire des ajouts, quand une idée en entraîne une autre, au départ non prévue.