mercredi 15 octobre 2008

La philo à l'hôpital.

Comme l'an dernier, j'ai été sollicité par l'IFSI, Institut de formation en soins infirmiers, pour une conférence à l'hôpital de Saint-Quentin, devant les élèves infirmiers et infirmières de deuxième année. 150 participants, un public pas facile, très étudiant, certains se fichant pas mal de ce que je pouvais dire. Ils sont là pour la médecine, pas pour la philo. Mais justement, la philo est nécessaire et conduit à la médecine!

Dès le début, j'ai dû annoncer la couleur, serrer les boulons, ce qui n'a pas été sans créer quelques remous. Incroyable tout de même, ces gens qui sont quelque part, n'écoutent pas et emmerdent tout le monde. Je déteste ça. J'ai maintenu la pression, 1h20 durant, le temps de la conférence, mais j'ai bien senti qu'à la fin, la salle m'échappait, que le brouhaha montait.

Qu'importe, j'ai pris beaucoup de plaisir à cette intervention, qui portait sur "Folie et raison", à la demande des organisateurs. Pour moi, l'objectif était de montrer que ces deux termes, qu'on oppose traditionnellement, ne sont pas si éloignés que ça. J'ai structuré mon exposé de la façon suivante:

1- La folie dans le langage ordinaire: que nous apprennent les expressions chargées de la désigner? Avoir un grain, être dérangé, ne pas être net, dérailler, péter les plombs.

2- La folie à travers le corps: des mouvements saccadés, un regard perçant, un rire inquiétant, une souffrance intense sont des signes ou des effets de la folie.

3- L'amour fou: sans raison véritable, embellissant la réalité, s'aliénant à autrui, l'amour rend fou.

4- Dans la tête ne règne pas uniquement la raison, source de cohérence et d'intelligibilité, mais aussi l'imagination, cette "folle du logis" comme l'appelait Pascal, source de toutes nos folies.

5- Tous fous? C'est ce vers quoi je veux aller, avec la folie collective, la panique de groupe (un bel exemple avec la crise financière mondiale!). Au Moyen Age, cette folie était organisée: c'était le Carnaval.

J'ai conclu avec 6 portraits de fous qui passent généralement pour des sages ou des saints: l'homme de pouvoir, le religieux, l'artiste, le savant, l'homme de bien, le philosophe (j'ai terminé par un clin d'oeil, suggérant que j'étais peut-être fou...).

Dans l'assistance, j'ai reconnu et discuté avec une ancienne élève, d'il y a deux ans. Et au retour, un coup de fil de l'Université libre de Cambrai me proposait de faire 4 cours de deux heures chaque trimestre. Je vais réfléchir, mais je vais certainement accepter. A vrai dire j'adore.

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