vendredi 10 octobre 2008

Furax.

Remise des copies ce matin à mes TES2. Comme pour les L, j'ai noté "large", comme on dit. C'est leur première dissert! Mais les résultats, s'en être franchement mauvais, sont moins bons. Bien sûr, dans leur filière, la philo regroupe moins d'heures et affiche un coefficient moins fort au bac. Ce n'est pas une raison pour négliger cette discipline. Les points sont bons à prendre partout, et ce qui est perdu d'un côté doit être rattrapé de l'autre.

Mes ES ont travaillé, ce n'est pas ça qui est en cause. 5, 6, 7 pages et parfois beaucoup plus, comme je le leur avais demandées, pour s'exercer à rédiger, c'est fait, c'est bien. Non, le problème est ailleurs. Vous vous souvenez, le deuxième cours de l'année a été consacré aux méthodes de la dissertation. J'ai alors donné de nombreux conseils, des recommandations précises, parfois pinailleuses (j'ai l'amour du détail), non par maniaquerie, abus d'autorité ou pour embêter mon monde, mais par souci de voir réussir mes élèves dans une épreuve, la philo au bac, dont je sais combien elle est difficile.

Et je veux qu'ils commencent par le commencement, une bonne présentation, une écriture claire, une rédaction aérée, une réflexion graphiquement structurée. Je le leur ai dit, j'ai insisté lourdement, c'était il y a un mois, beaucoup ne l'ont pas fait. Ont-ils mal noté, pas compris, pas relu? J'avais pourtant prévenu: vous serez d'abord jugé là-dessus, la présentation, et quelques points de méthode. Parce que sur le contenu, la force des idées, la profondeur de la pensée, je me dois d'être indulgent. Beaucoup manifestement n'ont pas écouté ou pas entendu.

Quelques exemples pour illustrer les raisons de ma fureur: la fin de l'introduction et le début du développement doivent être clairement espacés, pour éviter toute confusion, laisser croire que l'intro continue alors que le développement est commencé. Même remarque pour la fin du développement et le début de la conclusion. Eh bien, j'ai eu droit souvent à une simple ligne d'écart, autrement dire rien.

A l'intérieur du développement, j'ai demandé à ce que chaque idée soit développée dans un paragraphe, de longueur variable (tout dépend l'importance qu'on accorde à l'idée), et à l'intérieur de chaque paragraphe, que chaque argument (des points de vue différents qu'on porte sur une même idée) soit contenu dans un alinéa d'au moins une douzaine de lignes (sinon la réflexion est squelettique). Eh bien, j'ai eu droit à des paragraphes sans alinéas, des alinéas sans paragraphes, ou bien des paragraphes minces comme un filet d'eau, signe d'une pensée hachée, décousue.

La conclusion, c'est important. L'élève donne sa solution au problème de départ, tire les leçons de sa réflexion. Une bonne demi-page, c'est le minimum décent. Eh bien, certaines conclusions sont bâclées en 5 ou 6 lignes! Les exemples illustrant les idées, ils ne doivent pas être particuliers mais universels. C'est très simple, je l'ai dit aux élèves: quand un exemple ne vaut que pour une minorité d'êtres humains, il n'est pas bon car il n'est pas significatif. Quand un exemple concerne la majorité, c'est mieux, car on peut en tirer une réflexion valable. Quand un exemple s'applique à tout être humain, c'est parfait, car c'est l'homme en général qui est concerné.

En ce qui concerne le premier sujet de dissertation de l'année (est-on heureux en faisant le mal?), de nombreux élèves sont allés puiser leurs exemples dans des cas marginaux ou pathologiques: le criminel, le violeur, le braqueur de banque, le sadique, le masochiste, et j'en passe. Mais qu'est-ce que ces situations extrêmes nous apprennent de l'humanité en général? Pas grand-chose. Ce n'est pas l'exception qui peut éclairer la règle, puisque l'une et l'autre sont absolument différentes.

J'étais ce matin furax, mais je les aime bien, mes TES2. Un professeur doit d'ailleurs aimer ses élèves, c'est un devoir sacré du métier. J'ai constaté qu'ils avaient travaillé, je sais donc qu'ils peuvent progresser. Et je suis là pour les y aider. Sur ma table de séjour, il me reste un dernier paquet, les TSMP. C'est pour mon week-end. Et sans Doliprane cette fois-ci.

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