samedi 4 octobre 2008

Des copies et du Doliprane.

La table de mon séjour: à ma droite, le paquet de copies de mes TL2 qui baisse, à ma gauche, le tas des copies corrigées qui monte, entre les deux, un verre d'eau et une boîte de Doliprane, à mes côtés, un stylo, un crayon de papier et une gomme. Ca y est, j'y suis, en train d'affronter les premières corrections de l'année, qui pourraient être un plaisir si je n'avais pas une grippe carabinée.

Mais il faut que je m'y mette: dans 15 jours aura lieu le premier devoir surveillé, au lycée, un samedi matin, dans les conditions de l'examen. Il est bon de commencer cet exercice, même au deuxième mois de l'année. Si le pli n'est pas pris maintenant, il ne le sera jamais. C'est pourquoi je dois y préparer mes élèves, en leur rendant avant leur première dissertation "à la maison".

Or, j'ai trois classes, 89 élèves, 89 copies à corriger. J'ai plutôt intérêt à ne pas tarder. Maudite grippe! Combien de temps je consacre par copie? Je n'en sais rien, c'est très variable, tout dépend de la longueur, du contenu, du style, qui accélèrent ou freinent la lecture. Ce que je sais, c'est qu'il ne faut pas trop s'attarder sur une copie. Le bon prof de philo doit avoir le coup d'oeil, jauger rapidement ce qu'il a entre les mains, ce qui va, ce qui ne va pas. On voit très vite si c'est bon, moyen, mauvais, s'il y a du travail ou pas.

J'ai commencé le boulot hier (7 copies), je l'ai poursuivi cet après-midi (9 copies). Pas mal pour un malade. J'ai fait la moitié du paquet. Si je terminais demain, ce serait bien. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'on fatigue, passé la cinquième correction. Il faut se concentrer, faire l'effort de comprendre ce que l'élève a voulu dire, relire si besoin est, mettre une note provisoire (d'où la présence à mes côtés du crayon de papier et de la gomme). Et quand on a la grippe...

Ma méthode: je feuillette d'abord la copie, je vérifie le nombre de pages, je vise la présentation, qui me donnent de premières indications. Puis j'attaque le contenu. Je suis extrêmement vigilant sur les recommandations données en classe, dont j'attends qu'elles soient respectées et appliquées. Je suis exigeant quant à la forme et conciliant sur le fond. Mes élèves font de la philo depuis trois semaines, je ne peux pas leur demander l'impossible.

Bref, je ne saque pas. La preuve: sur les 16 copies corrigées, 10 ont la moyenne (jusqu'à 15), 6 ne l'ont pas (mais pas plus bas que 7). Certains collègues, par pédagogie, notent sévèrement au début et se montrent plus souples ensuite. Par pédagogie, je fais l'inverse. Il faut encourager au départ, si l'on veut des progrès ultérieurs. Une bête à qui on a cassé les pattes va difficilement se relever. Après, au bout de quelques mois, je monte la barre, je suis plus exigeant. Mais peu importe la pédagogie, l'essentiel est que les élèves soient prévenus: je ne note pas leur première copie comme je noterai la dernière, je ne corrige pas dans l'année comme je corrige au baccalauréat.

Tiens, je reprendrai bien un cachet de Doliprane.

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