mardi 16 septembre 2008

Heu-reux!

J'ai donné à mes élèves leur premier devoir à la maison: "Peut-on être heureux en faisant le mal?", à rendre pour la fin du mois. Car c'est par "le bonheur" que j'ai débuté l'étude des 25 notions au programme. Je n'allais tout de même pas les embêter avec "la démonstration" ou "théorie et expérience". Je réserve ces sujets peu sexy pour la fin de l'année.

La première dissertation travaillée en classe: qui peut me rendre heureux? Nous nous sommes entraînés à problématiser la question, à rechercher un maximum de réponses, à argumenter un peu chacune d'entre elles. Voilà ce que ça donne:


Introduction:

La question vise les personnes (qui?), pas les objets ou les activités (quoi?). C'est déjà une première délimitation du sujet. Le problème réside dans l'embarras du choix: l'humanité est si vaste, ses représentants si différents! Qui parmi eux va vraiment me rendre heureux?

Développement:

A- La famille me rend heureux, parce qu'il y a nécessité à connaître ses origines et à s'accorder avec elles.

B- Les amis me rendent heureux, parce que le bonheur est provoqué par la rencontre avec ceux qui me ressemblent.

C- Les amours me rendent heureux, parce que le bonheur, dans sa version la plus puissante, est provoqué par la rencontre avec celui ou celle qui est différent.

D- Moi seul peut me rendre heureux, en exerçant ma liberté, en pratiquant, pour mon plus grand plaisir, la transformation de soi.

E- Personne ne peut me rendre heureux, pas même moi, le bonheur étant chose difficile et peut-être inexistante.

F- Tout le monde peut me rendre heureux, car un homme comprend toujours son semblable, à travers une sympathie élémentaire à la portée de tous.

Conclusion:

Beaucoup me rendent heureux, mais pas au même degré, et dans des bonheurs de nature différente. Leur point commun, c'est que le bonheur n'existe que dans la réciprocité.


J'insiste auprès des élèves: trouver des idées, c'est bien, c'est un préalable, mais les argumenter (je n'ai fait ici que les mentionner), c'est mieux, c'est le but du jeu. Les trois premières parties de la dissertation partent d'exemples particuliers (famille, amis, amours) qu'on peut facilement repérer mais qui n'ont de valeur qu'une fois analysés, c'est-à-dire transformés en idées générales, qu'il est possible et recommandé de soumettre à la critique. Les trois dernières idées sont un peu moins attendues, un peu plus originales, donc plus délicates à traiter. J'encourage surtout les élèves à bien faire le tour de la question.

Le cours se termine par la dictée de l'introduction, que les élèves ont au préalable préparée chez eux. Il faut absolument leur montrer, dès le début de l'année, que la philo au bac, c'est de l'écrit, qu'il faut donc apprendre et s'exercer régulièrement à rédiger. Comme je le fais chaque jour en remplissant ce blog...

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