mardi 19 août 2008

La rentrée avant la rentrée.

Quinze jours avant la date officielle, 6 167 lycéens dans 200 lycées en difficultés scolaires, généraux, techniques ou professionnels, ont fait hier leur rentrée. Pas la vraie de vrai, bien sûr, seulement des cours de soutien pour préparer à la Terminale ou à l'Université. Mais tout de même, pour ces courageux élèves (tous volontaires!), les vacances sont bel et bien finies:

4 heures par jour, du lundi au vendredi, durant les deux prochaines semaines, ils vont, par groupes de dix, réviser les maths, le français et les langues pour les lycéens, les méthodes de travail pour les bacheliers. L'encadrement sera assuré par des enseignants volontaires payés en heures supplémentaires, des étudiants en 2ème année de master et des vacataires étrangers. Si le dispositif est un succès (et il semble que oui vu le nombre d'inscrits), il sera reconduit aux vacances de Toussaint et de printemps.

Comment ne pas se réjouir, quand on est enseignant, de cet engouement! Qui dira après que les élèves sont "nuls" ou fainéants? A vrai dire, la prise de conscience d'une nécessité de la réussite scolaire est très forte chez la plupart d'entre eux et de leurs parents, la volonté de la satisfaire au mieux est souvent présente. Et cette décision de préparer l'année à venir les honore. Pour les futurs étudiants, la fac est un monde qui inquiète, où les structures très serrées de l'école, du collège et du lycée, auxquelles ils ont été habitué pendant près de quinze ans, disparaissent pour laisser place à une dangereuse liberté, une terrible autonomie, qui doivent être maîtrisées avant qu'elles ne perdent les jeunes étudiants.

Pour les lycéens, je vais parler de ma boutique, la philosophie, une discipline à bien des égards universitaire, d'ailleurs enseignée dans le supérieur pour la plupart des autres pays. La philo, à la différence des autres matières, ils ne connaissent pas, ont entendu parler en de mauvais termes, ne savent évidemment pas faire une dissert de philo, redoutent le commentaire de textes largement incompréhensibles, se noient dans des lectures insaisissables. Je verrais bien, pour eux, une préparation seulement méthodologique en cette fin d'été, sans entrer encore dans le programme, mais pour initier, sensibiliser, rassurer aussi.

L'idée est déjà ancienne, quel que soit le nom qu'on lui donne, soutien, accompagnement, tutorat,... Elle part d'un double constat: le nombre important d'élèves en difficulté, le succès grandissant des cours privés. C'est donc une bonne idée, qui répond à une nécessité, mais qui n'est pas sans poser des questions:

- 6 000 élèves, c'est peu au regard du problème à traiter. Comment, avec quels moyens étendre le dispositif?
- Au nom de l'égalité, chaque élève, chaque famille voudront pouvoir bénéficier de ce soutien gratuit. Comment se fera la sélection?
- Le ministère propose du travail et des heures supplémentaires aux enseignants, mais supprime des dizaines de milliers de postes. Comment cette contradiction sera-t-elle longtemps tenable?

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