vendredi 22 août 2008

Contre l'homophobie.

Dans un entretien à paraître en septembre dans "le magazine des gays et des lesbiennes", Têtu, n°136, Xavier Darcos rappelle que la lutte contre l'homophobie est "un enjeu essentiel" pour l'Education Nationale. On pourrait s'étonner de la confirmation d'une telle évidence, qui ne devrait pas en avoir besoin. Pourtant, la mention explicite à l'homophobie en tant que discrimination date de cette année, dans ce qu'on appelle la circulaire de rentrée, c'est-à-dire le texte qui expose les grandes orientations pour l'année scolaire à venir, paru le 4 avril.

A quoi il faut ajouter la campagne d'affichage, dès la rentrée, dans tous les lycées, où un numéro (le 08 10 20 30 40) permettra de répondre aux questions des élèves sur l'identité sexuelle. Les collèges ne sont pas concernés, le sujet étant jugé "délicat" à traiter auprès des plus jeunes. Je comprends la réticence et la prudence, mais la bonne pédagogie ne craint pas ce genre de défi. Tout s'explique, tout se partage, pourvu que les mots soient choisis, les méthodes appropriées, les objectifs très clairs, les éducateurs bien formés. Ce que je sais, c'est que l'homophobie la plus sauvage, la plus méchante, la plus bête est plus présente en collège qu'en lycée, où les pré-adultes que sont ses élèves sont moins perméables aux préjugés idiots. Il ne faudra donc pas oublier, l'an prochain, le collège.

Vous me direz peut-être que le mot "homophobie" n'a pas besoin d'être écrit noir sur blanc pour que les enseignants dénoncent le phénomène avec leurs élèves, à l'occasion de tel ou tel travail pédagogique, à partir de la discipline de chacun (l'homophobie vue par la biologie, l'histoire, la littérature, la philosophie,...). Certes, mais cela va encore mieux de soi quand on l'écrit. L'Education Nationale est un univers administratif, où l'écrit, notamment ministériel, a une valeur impérative, force de loi en quelque sorte.

Personnellement, dans le cadre des "Semaines contre le racisme et les discriminations" que j'organise chaque année, je sais que je pourrai m'appuyer sur la précision de la circulaire de rentrée pour justifier la mise en place d'une action spécifique contre l'homophobie, qui ne pourra pas alors m'être refusée, même au titre parfaitement légitime de la précaution ou de la prudence. Quoique mon propre exemple n'est pas bon, mon lycée n'ayant jamais posé aucune difficulté à ce type d'action, les ayant au contraire toujours encouragé.

Xavier Darcos a demandé aux chefs d'établissement d'être particulièrement vigilants en matière d'incidents homophobes. On pourrait croire cette recommandation excessive, dans une société où l'homosexualité est incomparablement mieux admise qu'autrefois, notamment parmi les jeunes. Oui et non. Les réactions homophobes sont toujours là, même quand la loi les condamne (mais il n'y a pas si longtemps, c'est l'homosexualité qui était condamnée par la loi!). "Sale pédé!", combien de fois ne l'entend-t-on pas quand on traverse une cour de récréation? Bien sûr, c'est souvent plus une injure facile, une provocation qu'une marque authentique et profonde d'homophobie. Mais l'école est un lieu où l'on apprend que les mots ont un sens et qu'on ne les emploie pas n'importe comment. Cette interjection, quel qu'en soit le sous-entendu, est inacceptable et doit être sanctionnée.

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